• Paris nous appartient

    texte et adaptation Eve Gollac, Olivier Coulon-Jablonka
    mise en scène Olivier Coulon-Jablonka

    Concepteurs, décideurs, vendeurs et habitants : à qui appartient vraiment la ville ? Que devient-elle, pour quoi et pour qui est-elle conçue ? A partir de matériaux sur le Grand Paris du XXIe siècle, réunis autour de La Vie parisienne d’Offenbach, le Moukden-Théâtre nous interroge sur les forces à l’œuvre dans la cité.

    En confrontant La Vie parisienne, opérette qui prend pour toile de fond le flamboyant Paris du Second Empire pendant les grands travaux d’Haussmann, à un panorama du Grand Paris d’aujourd’hui, Olivier Coulon-Jablonka et le Moukden-Théâtre nous font voir comment s’invente le mythe de Paris comme capitale de la modernité au XIXe, et comment ce mythe continue à nous hanter à l’aube du XXIe siècle.

     

    Distribution

     

    avec Jérémie Bergerac, Julie Boris, Johann Chauveau, Florent Cheippe, Eve Gollac, Jean-Marc Layer, Malvina Plegat, Guillaume Riant
    d’après La Vie parisienne d’Offenbach
    livret Henry Meilhac, Ludovic Halévy
    Introduction au Paris Guide (1867) Victor Hugo
    L’Histoire de la Commune de 1871
    Prosper-Olivier Lissagaray

    chef de chant Lucie Deroian
    scénographie Grégoire Faucheux
    lumière Anne Vaglio
    costumes Delphine Brouard
    production Moukden-Théâtre coproduction Théâtre de Sartrouville et des Yvelines-CDN La Comédie de Béthune-CDN Le Forum-Scène conventionnée du Blanc-Mesnil avec l’aide à la production de la DRAC Ile-de-France avec le soutien artistique du Jeune théâtre national remerciements au Théâtre de L’Echangeur–Bagnolet, à la Cie Public chéri et au Théâtre de la Vignette–Montpellier

    Olivier Coulon-Jablonka est membre de l’Ensemble artistique du CDN de Sartrouville

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    A savoir

     

    Autobiographie d’une ville

    Composée à l’occasion de l’Exposition universelle de 1867, La Vie parisienne est un hymne apparemment superficiel à un Paris superficiel, un Paris du plaisir sans lendemain, objet de tous les fantasmes et de tous les désirs, un Paris pacifié où les touristes du monde entier viennent se divertir et profiter des fétiches de la marchandise moderne : une ville de fête. La trame de l’opérette : un dandy parisien en mal d’argent qui ne veut plus payer ses maîtresses décide, pour s’offrir du plaisir gratis, de séduire une riche baronne suédoise. Il vient l’accueillir à la gare et se fait passer pour son guide. Mais il faut éloigner le mari. Il lui envoie de fausses invitations à de fausses soirées parisiennes. Les comtesses y sont jouées par les nièces du concierge, mais le vin est bon et l’ivresse réelle. C’est le début d’une longue nuit au cours de laquelle se déploient toutes les ruses et tous les masques de la vie parisienne. Le vrai sujet de cette opérette, c’est son décor – Paris, un Paris tout jeune qui vient à peine de naître : le Paris d’Haussmann. C’est un Paris pacifié où les touristes du monde entier viennent se divertir et profiter des fétiches de la marchandise moderne : une ville de fête. En cela, l’esthétique frivole de l’opérette nous intéresse pour ce qu’elle est : une manifestation de cette séquence historique particulière qui témoigne de la façon dont le Second Empire choisit de se représenter lui-même. Mais ici, c’est aussi une ville leurre, une ville piège. Tout est faux dans La Vie parisienne, du Grand hôtel jusqu’aux figurants du bal masqué ; le riche baron suédois est aveuglé par son Paris fantasmé, et du Paris véritable, nous ne verrons rien.

    Derrière les mélodies enchantées d’Offenbach, on devine en creux le vertige et la réalité d’une ville en pleine mutation. Haussmann construit une ville adaptée à une nouvelle forme de capitalisme dominé par les puissances financières et industrielles, entraînant une transfor- mation sociale radicale avec l’émergence de violents antagonismes de classes. En déréalisant La Vie parisienne, Offenbach touche à la vérité du Second Empire. La société de l’époque s’étourdit de fêtes somptueuses pour oublier la réalité de l’Histoire – la répression sanglante de 1848, et les jours sombres du coup d’état. « Tout tourne, tourne, tourne ; tout danse, danse, danse ». La France se réveille bientôt de cette nuit d’ivresse avec le désastre militaire de Sedan et une crise économique sur les bras. Nous sommes en 1867, quelques années avant la Commune de Paris. Le vaudeville rencontre la tragédie. Paris est le théâtre de cette confrontation.

    En cherchant d’une certaine façon à percer le décor de l’opérette, nous allons à la rencontre de la ville du XXIe siècle en suivant les thèmes, motifs et figures présentes dans La Vie parisienne. La ville, c’est l’espace où règne la loi humaine. Olivier Coulon-Jablonka

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