Ulysse de Taourirt
Ulysse de Taourirt s’inscrit dans la continuité du travail mené avec Si loin Si proche.
Dans le prolongement de l’écriture du volet 1, Si loin Si proche, je réunis l’ensemble du « matériau-vie » à ma disposition depuis 2016 et ce jusqu’à 2020 dans la perspective de l’écriture du volet 2, Ulysse de Taourirt. Je ne me pose pas la question de la limite, de la décence, de la pudeur. je rassemble et je reconstruis. De manière cohérente et pas toujours chronologique. sans préméditation, sans planning, au gré de mes visites. je questionne mon père, ma mère. J’écoute les récits parfois sans fin, parfois prononcés du bout des lèvres, dans un souffle, à peine perceptibles. Je me régale quand la petite histoire rejoint la grande. Récits de mariage,d’exil, de résistance, de guerre contre la France ennemie d’alors. J’écris ma fiction documentaire dans une forme linéaire, sans passion, sans emportement, sans emphase ou pathos. Juste les faits. Aucun suspens, aucun artifice… À la fin ils vont mourir et nous serons tristes. Déjà les signes de la fatigue, la perte de mémoire, les repères incertains, les noms qui s’oublient. Déjà les corps fatigués les abandonnent, trahissant leur dignité. Eux toujours prompts à ne jamais se plaindre, à supporter en silence la rigueur de l’exil, de la vie dans les bidonvilles, eux toujours si forts, aujourd’hui si fragiles. eux parents modèles, qui s’interrogent. Ont-ils été de bons parents ? Le rêve de retour a-t-il hypothéqué l’avenir de leurs enfants, a-t-il compromis leur réussite ? Et moi qui m’interroge,mes parents sont-ils fiers de moi ? Ai je été un fils irréprochable ? Est-ce qu’on a été de bons enfants ? Héritiers d’une culture méditerranéenne patriarcale et populaire, on a pris et on a laissé. On a hérité et on a inventé. On a construit et on a improvisé. sans esprit de conquête. On a vécu ce qu’on avait à vivre. On n’a pas été des enfants olympiques, nous.