Si oui, oui. Sinon non.

D’un côté, le Quatuor Béla, un de nos meilleurs quatuors à cordes familier des œuvres de Steve Reich, George Crumb, György Ligeti. De l’autre, le compositeur-chanteur Albert Marcœur dont les chansons pourraient être rangées dans une bibliothèque aux côtés des volumes de Georges Perec ou Jean-Michel Espitallier.

Ensemble, ils nous plongent avec délectation et jubilation dans un univers musical drôle, vivant et vibrant, porté par des textes délicieux aux thématiques aussi improbables que quotidiennes : les produits d’entretien, l’éclipse, les valises à roulettes, les chemins de l’école, les mouches…Un concert virtuose qui manie l’ironie et cultive un certain art poétique.

Rhizikon / Opus Corpus

Trapéziste de formation, Chloé Moglia explore depuis plus de dix ans la suspension et le vide. Sa vocation à repousser sans fin les limites de sa technique crée des spectacles à nul autre pareils où elle cisèle le mouvement aérien.

Dans Rhizikon, elle interroge les notions de prise de risque. Basculant son corps tête en bas, l’artiste évolue sur un tableau noir d’école, défie l’apesanteur et exécute une performance à couper le souffle, d’une beauté incroyable.

Dans Opus Corpus, à rebours des principes de vitesse et de performance, elle creuse le sillon de l’ultra-dépouillement. En suspension et à proximité du public, elle offre au regard la densité d’un champ de forces et d’incertitudes qui rend perceptible le moindre souffle, la moindre faille. Une expérience intime et intense.

Contagion

Stéphane,  professeur d’histoire – supposé bien connaître les jeunes – est diversement sollicité au sujet du soupçon de radicalisation qui plane sur eux. Au au cours de trois face-à-face avec un adolescent, un journaliste et un auteur dramatique, il tente de répondre aux attentes des uns et des autres…

Avec intelligence et humour, François Bégaudeau, scénariste du film Entre les murs (Palme d’or à Cannes), passe au laser de son écriture singulière les vérités et les illusions, les tragédies réelles et les complots plus ou moins ineptes. Un théâtre qui préfère les questions aux réponses toutes faites.

 

Découvrir la danse américaine

avec Petter Jacobsson, directeur du ballet de Lorraine
et Thomas Caley, coordinateur de recherche et assistant chorégraphe

19h : Rencontre (Petite salle)

20h30 : Représentation (Grande salle)

Forsythe / Brown / Cunningham

Le Ballet de Lorraine présente un programme complet autour de trois figures centrales de la danse postmoderne et contemporaine américaine : Trisha Brown, William Forsythe et Merce Cunningham.

La première pièce, Opal Loop / Cloud Installation #72503 de Trisha Brown, montre Le séquencement fluide des mouvements de quatre danseurs accentués par le nuage de molécules d’eau de Fujiko Nakaya exprimant ainsi la déclaration des plus poétique selon laquelle la danse est un art éphémère.

La deuxième pièce, Duo, combine culbutes, cisaillements, frappés, renversés et musique dans un perpétuel balancement. Avec cette prodigieuse pièce, William Forsythe évoque une sorte d’horloge qui finit par rendre visible l’intangible course du temps.

Enfin, la dernière, Fabrications de Merce Cunningham, illustre un procédé de composition imaginé par le chorégraphe, qui repose sur un principe aléatoire d’assemblage de soixante-quatre enchainements, en écho au nombre d’hexagrammes figurant dans le Yi-King. Une pièce d’une grande difficulté qui atteint une dimension dramatique et mélancolique époustouflante.

1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes

Entre l’acteur et auteur Jacques Gamblin et le danseur Bastien Lefèvre, le courant passe. Si parfois il est électrique c’est pour mieux court-circuiter le manque de vigilance ou la tentation du renoncement, tout ce qui nous pousse à tourner le dos aux rêves que nous nous sommes fixés. Ce spectacle qui propose le face à face d’un entraineur et son athlète ne fait pas l’apologie des gagnants sans scrupule ni morale. Il raconte plutôt la façon dont l’humilité, la patience, la confiance permettent de réaliser ses désirs.

Bien plus qu’un moment de sport, c’est une leçon de vie. Elle a des hauts et des bas. Elle fait rire. Elle émeut. Elle est à l’image de Jacques Gamblin : subtile, drôle, élégante et profonde.

Elle voulait mourir et aller à Paris

C’est l’histoire d’une femme, grecque et française. Elle n’est pas l’une puis l’autre, elle est l’une et l’autre. Grecque en 1966 à Thessalonique et française en 1968 à Paris. Elle n’a plus d’accent, rien, elle a fait disparaître toute trace de son pays d’origine. Pourquoi ? À partir de l’histoire de sa propre mère Joachim Latarjet aborde le sujet de l’exil, de la langue, de la mémoire. Que laisse-t-on derrière soi quand on part ? Qui abandonne-t-on ? Quelle part de soi reste loin de soi ?

Passée par le tamis de l’écriture d’Alban Lefranc et de souvenirs personnels, une comédienne, deux acteurs-danseurs et un musicien créent une mythologie familiale. Ils joueront, chanteront et nous danserons.

5èmes Hurlants

Le cirque contemporain est une alchimie de lignes courbes ou droites, de diagonales, de mouvements ascendants ou reptiliens, de cordes sur lesquelles on s’élève, de cerceaux dans lesquels on s’enrobe, d’agrès qu’on agrippe à pleine main. Le cirque contemporain est une histoire qui se partage, sans parole, avec ce qu’écrivent dans l’espace les corps des interprètes. Raphaëlle Boitel en dirige cinq, de cultures et de nationalités différentes dans un spectacle qui dit leurs personnalités, leurs tentatives, leurs ratages et leur nécessaire solidarité.

Tout en puissance et en fragilité, Ils s’envolent, glissent, tombent, se redressent et recommencent, encore et encore. C’est beau comme du Verdi, émouvant comme du Bach, dont on entend passer les notes ailées.

Sol bémol

Dirk et Fien sont flamands. Ils forment un duo de longue date qui joue, aussi bien en rue qu’en salle, des spectacles de cirque aux images et situations inattendues. Nous ne serons donc pas au bout de nos surprises avec ce spectacle qui mêle habilement musique, équilibre sur piano, acrobaties et jonglage. Des grues, des poulies, quatre pianos qui s’empilent ou s’envolent. Lui voltige, jongle, grimpe et retombe au grès des notes, luttant contre les forces de la gravité. Elle, nous enchante avec sa musique vagabonde, et qu’importe l’inclinaison de son piano. Savant créateur d’univers poétiques et magiques, le binôme joue un Sol bémol indéniablement onirique, burlesque et plein de rêves.

Prix du meilleur spectacle de cirque TAC – Valladolid – Espagne 2017

Brel

Revisiter les standards du Grand Jacques, de Quand on n’a que l’amour à Amsterdam, en passant par La Chanson des vieux amants, beaucoup s’y essaient mais peu accomplissent l’hommage sans fausse note. David Linx et le Brussels Jazz Orchestra gagnent ce pari haut la main.

Ce n’est pas seulement parce qu’ils sont belges comme l’était leur compatriote Jacques Brel. Mais parce que leur approche du chanteur par le jazz leur permet des variations, des modulations, des libertés que l’artiste ne désavouerait pas, lui qui vivait littéralement sa musique dans un temps présent d’une rare intensité. L’intensité, c’est elle qu’on retrouve à l’occasion de ce concert exceptionnel.

L’album Brel a gagné dans la catégorie “jazz vocal” aux Edison Jazz/World Awards, les prestigieux prix musicaux des Pays-Bas. Le jury professionnel a estimé qu’avec ce disque, le BJO et David Linx avaient, pour la première fois, paré la musique de Jacques Brel d’un swing majestueux.