Barbe naissante, lunettes d’écaille, cheveux en bataille, Vincent Delerm pose sur les petits et les grands événements de la vie des mots qui leur vont comme un gant. Parolier inspiré, il love ses textes dans des musiques ultrasensibles, entre mélancolie et légèreté. Ses chansons entêtantes trottent en tête. S’y mêlent des images et du théâtre, du cabaret dans ses personnages à double fond.
Avec son dernier album, À présent, l’artiste touche dans le mille avec des textes qui savent transformer l’ordinaire en pure poésie. La scène reste son lieu de prédilection où il entretient avec son public la plus belle des complicités. Une rencontre rare avec un artiste au sommet de son art.
Mais derrière la bonhomie et la naïveté, la colère gronde : Bibi dit la misère de son enfance, les filles qu’on désire, et parle de son père, tellement aimé et tellement haï.
La rencontre des comédiens de l’Oiseau-Mouche – compagnie professionnelle qui réunit des personnes en situation de handicap – et de Sylvain Maurice se place sous le signe de Charles Pennequin, dont le spectacle s’inspire très librement. Bibi est un projet où les corps parlent à travers des saynètes décalées, un peu à la manière de Jacques Tati. Pourtant, derrière le rire, Bibi est aussi un projet qui fait place à la colère : celle « des âmes simples » que l’auteur décrit aussi comme un « populo très tranquille, pas méchant pour un sou, la petite sottise de notre temps ». Bibi est une tentative de faire spectacle avec et pour les sans-voix.
• Promo du web à 12€ mercredi 14 février à 21h
Elle et Lui chantent l’amour sur fond de guerre, l’amour malgré la guerre. Elle et Lui , une Juliette et un Roméo que l’on imagine contemporains, jeunes amants dont les peuples respectifs se disputent la même terre. De ce tumulte, on entend que le chant qui monte d’Elle à Lui, de Lui à Elle. Et qui ouvre l’espace d’une promesse.
Leurs voix sont douces, chuchotées ou éraillées pour évoquer la sensualité, la colère, le désespoir et le désir d’un amour apaisé. À travers deux monologues se faisant face, alternent l’énergie du rock et le temps suspendu de la méditation. Catherine Kollen réunit des artistes professionnels et un chœur d’adolescents, issus de classes de théâtre et de musique, pour chanter la ferveur de la jeunesse.
Bois un peu d’eau ou de vin ou d’air
Respire
Le temps de penser à ta réponse
Je te regarde
Tes doigts entourent le pot de vin
Je te regarde boire
Je trouve que tu es pour moi
Tes mains sont à ma mesure
Bois mon aimé
Par-delà les collines il y a le cimetière
Et les anciens se reposent
Les tiens et les miens
Les nôtres dorment là
Conçu comme le jeu du marabout de fi celle et placé sous le patronage de Georges Perec, Ma cuisine est un spectacle qui mêle théâtre d’objet, vidéo, musique… et cuisine. C’est un spectacle ludique qui parle de la mémoire, à travers quelques évocations et souvenirs. Cette « cuisine » est par conséquent un spectacle aussi gustatif qu’intime, où il sera question des grands-parents, de goûters enfantins, mais aussi du temps qui passe inexorablement… Le spectacle se conclut par une dégustation.
En mars 1979, au coeur du bassin sidérurgique de Longwy, l’une des premières radios libres françaises a commencé à émettre : Radio Lorraine Coeur d’Acier. Elle était destinée à être le média du combat des ouvriers pour préserver leurs emplois et leur dignité, mais elle a transcendé cette lutte, pour devenir une véritable radio « de libre expression ». À la manière d’une éphéméride mêlant témoignages et sons d’archives, Bérangère Vantusso, en collaboration avec Paul Cox pour la réalisation des images, raconte les seize mois d’histoire de cette radio au moyen du kamishibaï, un art du conte japonais. Comment cette expérience d’insoumission collective raconte encore quelque chose de la jeunesse d’aujourd’hui ?
Qu’est-ce qu’une vie heureuse ? Qu’est-ce qu’une existence qui vaut la peine d’être vécue ? Qu’est-ce que la justice ? Que sommes-nous prêts à sacrifier pour elle ? Ce spectacle nous met face aux questions que Socrate adressait aux Athéniens lors de son procès en 399 avant J.-C. Des questions qui ne nous laissent pas tranquilles : matière à réfléchir la démocratie, ses institutions.
A travers trois songes, deux acteurs se prêtent au jeu socratique. Tour à tour maître et disciple, Socrate ou son double, ils renversent les rôles (du philosophe, du politicien, du religieux) pour examiner les rapports qui fondent la cité. Pas de piédestal, ni estrade pour dominer l’assemblée du public, ils dialoguent au milieu des spectateurs et nous emmènent avec bonheur sur les chemins de la pensée.
Fantômes, êtes-vous là ? Oui, répond Magali Mougel, auteure d’une pièce que Simon Delattre, metteur en scène, adresse à tous mais plus particulièrement au public adolescent. Pourquoi ? Parce que l’adolescence, c’est ce moment de trouble où l’on quitte l’enfance pour pénétrer le monde des adultes, laissant derrière soi des spectres qui soudain encombrent. Et puis parce que l’héroïne du spectacle est elle-même une ado dont la mère vit cernée par des ombres.
Sur le plateau, près des acteurs, un marionnettiste fait surgir ou disparaître des formes géantes, des présences impalpables ouvrant le théâtre à l’onirisme et à l’étrange.
On nous l’annonce régulièrement à la une des magazines, nous sommes entrés dans l’ère des « big data ». La production industrielle, les échanges entre individus, la culture sont informatisés depuis longtemps déjà, mais avec l’arrivée des objets connectés et des nanotechnologies, l’informatique entre dans nos corps, dans nos maisons, dans nos villes… Les frontières s’effacent. Tout interagit avec tout en permanence, tout fait partie du cloud, et le cloud fait partie de tout. Alors, pourquoi ne pas mettre le cloud sur les planches, aussi paradoxal que cela puisse paraître ?
Quel fil invisible relie depuis l’enfance le comédien Christophe Dellocque à Sylvie Joly, cette virtuose du rire à l’humour noir dont l’incroyable choucroute blonde et la bouche soulignée de rouge l’ont marqué pour toujours ? Sans caricature ni travestissement, Christophe Dellocque s’approprie le répertoire de cette inconnue aimée qu’il n’a jamais rencontrée et en joue les personnages devenus cultes : bourgeoisies arrogantes et névrosées, gourdes décervelées, bobos frustrés, artistes incompris…
En faisant « SA Sylvie Joly », Christophe Dellocque nous dévoile son parcours sur les traces de cette grande dame qui a ouvert la voie du one-woman show. Un régal pour les aficionados, une découverte réjouissante pour les autres !