Alain Françon dirige les comédiens en chef d’orchestre inspiré et inspirant. Grâce à lui, les acteurs se métamorphosent en stradivarius. Il sait tirer d’eux les sons les plus beaux, les plus purs. Emouvants, incarnés, bouleversants, les comédiens respirent avec leurs personnages, ils parlent au même rythme, avancent au même pas. Grand spécialiste de Tchekhov, le metteur en scène poursuit avec sa troupe son exploration de l’âme russe et crée Un mois à la campagne, d’Ivan Tourgueniev.
Une pièce bucolique et sublime qui s’aventure au cœur des tourments amoureux et déploie le portrait d’une femme de trente ans, aveuglée par sa passion pour un homme plus jeune. Un drame poignant.
Londres. Il est tard. Jimmy roule au volant de son taxi. La nuit se prête aux confidences. Les clients se racontent. Chacun mène Jimmy un peu plus près de son but : retrouver une femme, Clare, qu’il n’a pas vue depuis cinq ans. Ne disons rien de la fin du périple ni des raisons qui ont brisé ce couple qui s’aimait. La tragédie est là, en embuscade, elle se fera entendre.
Mais levons le voile sur l’émotion qui gagne le spectateur à mesure que les kilomètres défilent. Cette émotion, Philippe Torreton, acteur phare de la représentation, la porte au point d’incandescence. Comme seuls savent le faire les comédiens dont le combustible premier est leur profonde humanité.
Voici l’histoire de Moi, une vie racontée à travers sa relation à l’argent. Ça commence lorsque Moi est enfant en 1972, avec l’URSS et déjà le rock. Jusqu’à sa vieillesse en 2040, on voit défiler le chanteur Renaud, l’Inde, un vendeur de chez Darty, Georges Bataille, les spectres du marxisme, l’avènement du libéralisme, l’espoir des économies alternatives… Autour de Moi sont réunis tous les personnages d’une vie, passant subrepticement leur tête pour lâcher une ou deux répliques sur le fric.
David Lescot déplie ici les feuilles d’un théâtre choral, drôle et trépidant. Dans l’esprit d’une BD, il croque les détails, les mots, les gestes qui montrent combien l’argent en dit long sur nous, sur notre vie. L’argent qui file, le temps qui passe, et Moi, et Moi et Moi…
Un cours de rap qui a déjà pas mal fait parler de lui la saison passée. Rattrapage pour tous ! A l’école, on étudie son histoire, ses œuvres majeures, ses grands noms, ses dates, ses principales batailles… La théorie comme la pratique. Dans ce face-à-face professeur-élève, l’examen menace de tourner à l’affrontement, ou carrément à la battle, ou même pire au clash.
Assis dans cette salle de classe, sommes-nous spectateurs ou élèves ? L’irruption du rap interroge notre rapport à l’autorité et à l’Histoire. Devenu incontournable dans les collèges et lycées, il est désormais partout et transgénérationnel. David Lescot et Jean-Pierre Baro s’amusent à nous raconter une Histoire de France méconnue.
Les spectateurs sont divisés en deux groupes. Ils sont guidés par un acteur d’un côté, une actrice de l’autre dans deux espaces : deux coins de la bibliothèque, de la salle polyvalente, de l’école.
Chaque groupe a rendez-vous avec un personnage qui va raconter son histoire. Cela commence pour lui par : « J’aurais voulu être une fille » et pour elle « mes parents rêvaient d’avoir un garçon ». Deux histoires donc, qui recèlent un tas d’autres histoires où il est question de goûts, de préférences, de rôles à jouer, de place à tenir quand on est un garçon ou une fille. A l’entracte, les groupes inversent et les spectateurs rencontrent l’autre personnage.Des histoires qui se regardent et s’assemblent comme un puzzle pour mieux déconstruire les clichés et stéréotypes sur l’identité.
Victor sait très bien comment faire le bonheur de ses parents. Mais un jour, il commence à se poser des questions. Se pourrait-il qu’il ne soit pas si parfait que cela ? Alors, Victor se met à dépasser les limites de ses coloriages… et du reste. Ses parents, en désespoir de cause, font l’acquisition d’un enfant-robot, sensé prôner l’exemple auprès de leur fils. Ceux-ci pourront-ils supporter longtemps un enfant qui ne pense et n’agit qu’à travers eux-mêmes ?
Dans ce spectacle où l’humour flirte avec l’absurde, Olivier Balazuc nous invite à méditer sur le culte de la performance de notre monde contemporain : et si la « vraie » vie se conjuguait à « l’imparfait » ?
hic et nunc c’est l’envie de raconter, en mots et en musique, le voyage initiatique d’un Candide, jeune exilé, confronté aux obstacles de notre monde contemporain. Entre l’épique et l’intime, hic et nunc est une histoire d’aujourd’hui, à la croisée de deux langages, le théâtre et la musique. Un poème lyrique enraciné dans le réel, avec ses mises en abyme et ses envolées oniriques, où la candeur de notre (anti)héros nomade devient « malicieuse », devient un acte militant, un cri pour la vie, une façon de résister à la noirceur du monde, un monde dont la jeunesse devra s’emparer, un monde à cultiver ensemble.
Olive et Olga, deux sœurs sirènes, décident de partir pour vivre une odyssée. Sur leur route, elles vont croiser une bernique, une dorade, une anguille, un banc de harengs et même un chat-sirène. Toutes ces rencontres vont donner, à leur manière, un éclairage sur le sens de cette odyssée. Au-delà du voyage, c’est l’occasion pour les deux sirènes de questionner intimement leur relation de sœurs, leur rapport au monde. Toutes deux s’aiment mais, pour grandir et vivre leur vie, elles devront faire de vrais choix. Rester ou partir ? Ces deux jeunes sirènes impertinentes, imaginées par Simon Delattre et Thomas Quillardet, découvriront à travers leurs péripéties combien grandir est une grande aventure.
Enfant, Hervé Walbecq trouve dans les bois un jeune verdier avec lequel il vécut huit ans. Il passe des heures à le regarder voler en liberté dans sa chambre. Ensemble ils chantent et leurs voix se ressemblent tant que personne ne sait distinguer qui de l’oiseau ou de l’enfant siffle.
L’histoire de cette vie partagée s’arrête, pour mieux revivre au plateau, le jour où l’oiseau quitte le nid familial pour rejoindre son pays. Avec ce nouveau spectacle, joué en direct par le dessin à la ligne claire chère à l’univers graphique d’Hervé Walbecq, Dorian Rossel affirme ce qui singularise son théâtre : un moment de poésie et de délicatesse qui invite à s’ouvrir au monde.
Aujourd’hui, le prof de français est malade. C’est un enseignant remplaçant qui va devoir prendre en charge les élèves. Jeune, souriant, franchement plutôt mignon, et sans expérience pédagogique, il se retrouve vite débordé face au groupe. Heureusement, une médiatrice envoyée par le ministère est là pour veiller à ce que tout se passe bien. Elle et Lui, tous deux la trentaine, vont peu à peu comprendre qu’ils étaient dans la même classe au collège…
L’adolescence dans les années 90 était-elle si différente de celle d’aujourd’hui ? Oui, le monde change, les références aussi. Mais l’adolescence n’est-elle pas toujours traversée par les mêmes tumultes et par ce besoin absolu d’être aimé ? Et comment continuer à rêver, et simplement à être, quand on a 14 ans et quand autour de soi tout dérape ?