Auteurs et autrices d’outre-mer

Ils et elles mettront à l’honneur la mémoire de Toussaint Louverture, esclave affanchi, général et homme politique qui proclama, en 1801, l’indépendance de Haïti, ainsi que l’œuvre de Maryse Condé, écrivaine et journaliste guadeloupéenne disparue en avril 2024, de Gerty Dambury, d’Aimé Césaire, de Frantz Fanon, Pierre Gope et d’autres.

Gounouj

Comment décrire le sentiment de vulnérabilité, de découragement ou l’espoir qui peut naître face aux crises écologiques ? Mariant habilement la danse gwoka traditionnelle avec des éléments contemporains et techno-logiques, Léo Lérus s’inspire des traditions de sa terre natale pour créer une composition chorégraphique. La question d’équilibre et de déséquilibre qui se pose dans cet écosystème constitue la colonne vertébrale du spectacle.

Formé par Léna Blou, Léo Lérus a affine sa danse avec des chorégraphes de premier plan de la scène internationale, comme Wayne McGregor, Ohad Naharin ou encore Sharon Eyal. Il affirme une fois de plus la physicalité de ses créations et se nourrit d’une recherche sensible de l’évolution identitaire et culturelle guadeloupéenne.

Delgres

Le son de Delgres s’approche de plus en plus de celui de The Black Keys ou de Hanni El Khatib, bastonnant comme sous hypnose des grooves telluriques et des blues trans-atlantiques ravageurs, toujours en instabilité géographique, entre la Nouvelle-Orléans, les Antilles, le Mississippi, la France et les Caraïbes. Au cœur même de leur musique, la même intensité, la même force brute qui continue à raconter et témoigner pour bâtir le récit d’un monde marqué par le déracinement. Une quête d’identité et un regard définitivement empreint des racines guadeloupéennes de son leader Pascal Danaë, Delgres ne renonce à rien et poursuit son odyssée vers les émotions pures.

Chassol

Parfois, il n’y a pas besoin de prendre un avion pour partir à l’étranger. Armé d’une caméra, de divers instruments et de ses micros, Chassol explore la culture martiniquaise. Il filme et enregistre des rencontres, des scènes de la vie quotidienne ou encore l’effervescence du carnaval martiniquais. Son carnet de voyage est transcrit en musique aux couleurs surréalistes.

Alliant sonorités classiques et électroniques, il transforme tout en musique : du chant des oiseaux à la voix de Mme Etienne Lise sur le marché ou encore des chants créoles, à mi-chemin entre les ritournelles pianistiques de Sébastien Tellier et les B.O. de Vladmir Cosma. Une véritable invitation au voyage !

Français·es du futur #2

« Mes enfants sont tous nés au Canada, alors si je ne suis pas un Canadien du passé, je suis un Canadien du futur », me disait Saïd, chauffeur de taxi canadien immigré de Syrie. Dans mon cerveau de fils d’immigré algérien, cette phrase provoqua un cataclysme. Si on avait qualifié l’adolescent que j’étais dans les années 80 de « français de futur » plutôt qu’immigré de deuxième génération, est-ce que cela n’aurait pas tout changé, et aujourd’hui encore pour nos enfants ? Faisons le pari que oui et œuvrons ensemble à raconter nos histoires de Français·es du futur. Fils ou filles de parents d’origine bretonne, auvergnate, de Paris ou des Comorres, de parents sénégalais, magrébins, portugais, ou vietnamiens…

Racontons nos histoires, nos musiques, apportons nos couleurs, nos saveurs, nos mots, nos corps. Dansons, chantons, écrivons, jouons ensemble à composer le puzzle de notre culture commune. Tout au long de la saison, nous vous invitons à collaborer au grand projet participatif Français·es du futur #2. Avec des artistes expérimenté·es, donnez libre cour à vos envies de pratiques artistiques en participant aux ateliers d’écriture, de peinture-scénographie, de danse, de théâtre, de vidéo, de chanson… Ensemble, nous écrirons un spectacle aux couleurs de notre territoire, puis nous le présenterons dans la grande salle pour célébrer notre identité citoyenne.

1983

Euphorie des radios libres, grèves historiques des usines automobiles, Marche pour l’égalité et contre le racisme, arrivée de François Mitterrand au pouvoir, et aussi désillusions et rigueur économique, montée en puissance des idéologies d’extrême-droite. Après un long travail d’enquête et de rencontres avec des personnalités essentielles de cette période, Margaux Eskenazi et Alice Carré plongent dans l’extraordinaire foisonnement des événements.

Comme Et le cœur fume encore présenté au Théâtre en 2023, 1983 continue à ausculter le passé pour mieux questionner notre monde contemporain. De quels récits avons-nous hérité ? Comment témoigner de l’opacité, de l’oubli, de nos héritages et de nos luttes ? Avec une énergie débridée, huit comédien·nes jouent tous les rôles, de tous les âges, de tous les genres, de toutes les couleurs de peau. Dans un grand bouillonnement intersectionnel, renaît la puissance d’une époque. Au cœur de l’intime et du collectif, la troupe questionne joyeusement les récits que nous souhaitons écrire au présent, pour notre futur.

Dom Juan ou le Festin de Pierre

Faut-il déboulonner les personnages qui nous encombrent aujourd’hui ? Faut-il continuer à mettre en scène Dom Juan, alors qu’il incarne toutes les valeurs patriarcales, sexistes et violentes que notre époque ne peut plus accepter ? David Bobée s’empare du texte de Molière pour en faire un spectacle d’une modernité saisissante. Il dévoile avec une grande clairvoyance les mécanismes de violence mis en place par Dom Juan pour parvenir à ses fins, au détriment de ses victimes.

Fervent défenseur de la diversité sur les plateaux, le metteur en scène et directeur du Théâtre du Nord à Lille rassemble une distribution d’actrices et d’acteurs grandioses et magnétiques, originaires des quatre coins du monde. Véritable faiseur d’images, David Bobée signe un Dom Juan généreux et flamboyant, qui a reçu en 2023 le prix du Syndicat de la critique pour sa scénographie. Les immenses statues de pierre deviennent bientôt un champ de ruines où s’achève le règne de Dom Juan, qui emporte avec lui les derniers reliquats du patriarcat. Loin des stéréotypes, le metteur en scène plonge dans les profondeurs crépusculaires de cet antihéros tout droit sorti d’un temps révolu. Las de toutes les formes de domination, David Bobée nous fait une majestueuse promesse de renouveau.

 

Oiseau

Moustafa perd son papa. Pamela a perdu son chien. Entouré·es par la joyeuse bande de CM2, les deux élèves vont organiser une fête pour leurs morts. Pourquoi le deuil serait-il uniquement synonyme de tristesse, de peur et de silence ? Les enfants l’ont bien compris : il suffit d’un brin d’audace pour tisser des liens nouveaux avec nos disparu·es. « Si tu aimes tes morts, viens avec nous ! » clament les élèves à qui veut l’entendre, emboîtant le pas à la petite Françou, qui sait comment on va de l’autre côté. Dans cette histoire rythmée et haletante, la directrice et les parents d’élèves partent en sucette, quand les mort·es s’amusent à se transformer en courants d’air.

Dans un dispositif scénique original et ingénieux, la metteuse en scène joue de la vidéo, des objets et de l’adresse directe au public. Deux comédiennes mènent tambour battant cette extraordinaire épopée, dans laquelle s’entremêlent les voix des enfants, la musique baroque et la pop anglaise, le chagrin et la joie. Dans la cour de récré, on ne parle plus que de la mort. Tout le monde s’en mêle et c’est tant mieux ! Récompensé par de nombreux prix, Oiseau s’adresse avec humour et profondeur à l’intelligence des enfants. Un spectacle qui bouscule nos idées préconçues, dans un grand élan de vie, de drôlerie et de liberté. À partager entre générations.

Zéphyr

Acclamé dans le monde entier et chorégraphe de plus de trente pièces, Mourad Merzouki a participé au renouveau du mouvement hip-hop dès le début des années 1990, n’hésitant pas à mêler la danse au cirque ou aux arts martiaux. Avec des créations qui ont marqué l’univers de la danse contemporaine et des danses urbaines tout au long des trois dernières décennies, le chorégraphe star sait faire advenir la magie. Zéphyr prend la forme d’une étourdissante épopée.

Comment dompter le vent ? Comment traduire ce qu’un skipper peut ressentir lorsqu’il navigue sur la mer ? Le Vendée Globe, mythique tour du monde en solitaire, a commandé à Mourad Merzouki en 2020 un spectacle en prise avec les éléments naturels. Entouré de ses fidèles complices, il offre avec Zéphyr une multitude d’images à couper le souffle. Dans les bourrasques produites par d’immenses ventilateurs, les interprètes transforment par la danse l’impalpable en matière concrète. Le vent et la danse nous conduisent sur des océans imaginaires, vers des contrées infinies. Zéphyr dessine des horizons nouveaux, empreints de liberté.