Seul, au piano ou à la guitare, nous découvrons un Cali solaire, qui n’hésite pas à se dévoiler, en mots, en musique, en confidences, avec une puissance nouvelle, celle d’un homme ébloui par la vie. Imperméable à la sinistrose, le chanteur nous embarque dans un voyage retraçant tous les âges heureux de l’existence.
« Raconter une vie. Désosser des chansons, peut-être connues, ou plus confidentielles et puis d’autres chansons, encore, plein d’autres, des nouvelles, qui arrivent, offertes pour la première fois. Raconter, se raconter, seul, voilà l’histoire. En fait tout se résume au désir de vivre à jamais. » Cali
La Sixième, c’est l’horreur absolue ! Tout le monde le sait. De quoi gâcher les grandes vacances de notre héros de dix ans et demi. Sa mère a la bonne idée de lui présenter Francis qui, à quatorze ans, a déjà fait le grand saut. Sauf qu’au lieu de dédramatiser, celui-ci en rajoute des tonnes. Tout cela sous l’œil de la petite sœur de deux ans et demi qui, elle aussi, a son mot à dire.
David Lescot fait la part belle au langage et à l’imagination. Sur scène, trois comédiennes époustouflantes jouent tous les rôles : le futur collégien rongé par l’angoisse, le grand de quatorze ans qui a tout-vu-tout-compris, la petite sœur au babillage sans queue ni tête, les mouettes, les enfants sur la plage… Un spectacle où les parents rient autant que les enfants des peurs qui sont les nôtres.
Dans une scénographie architecturée, sept interprètes masculins, tous virtuoses de breakdance, expriment les passions contrastées que le rouge leur inspire. L’écriture chorégraphique mixe habilement danse contemporaine, danse-contact et hip-hop pour créer une danse graphique qui démultiplie les trajectoires et entraîne le genre vers des terres nouvelles.
Mickaël Le Mer découvre la seconde vague du hip-hop au début des années 90. Il assume une écriture exigeante qui prend appui sur l’expérience personnelle des danseurs. Le résultat est marqué d’une sensibilité à la fois poétique et urbaine, tout en développant une grande maîtrise de l’espace scénique. Loin des figures imposées du battle, il compose une belle expérience sensorielle.
L’Argent, une formidable invention ?
À l’occasion de Mon fric, nous invitons Thierry Pech qui, après s’être interrogé sur Le Crépuscule des élites en 2016, nous parlera cette fois d’argent. Perversion et creuset des inégalités pour les uns, marqueur de la réussite individuelle pour les autres, l’argent est un sujet ambigüe, il divise, rend fou et rend faux mettant un prix sur tout, y compris sur ce qui n’en a pas, tout autant qu’il crée un système de valeurs plus ou moins communément partagé. Suffit-il de s’imaginer comment fonctionnerait un monde sans argent. Thierry Pech nous accompagnera dans cet échange et cette réflexion à la lumière de son précédent essai, Le Temps des riches – Anatomie d’une sécession et de son nouveau livre Insoumissions, portrait de la France qui vient.
Dans un espace circulaire propice à l’intimité, se font entendre les premières mesures du Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy… Alors, le vent se lève, emportant avec lui un amas de petits sacs plastiques endormis. Comme par magie, ces marionnettes sans fil, légères comme les nuages, s’envolent, tournoient, s’épanouissent dans l’espace en mille variations.
Dans le cercle de cette piste aux étoiles, une sorte de prêtresse du vent officie : elle accouche les formes et les couleurs, les accueille sur son épaule comme des oiseaux, accompagne leur combat. Phia Ménard qui, depuis près de vingt ans, jongle avec l’injonglable, se confie ici au vent. Elle nous emmène dans une danse joyeuse et hypnotique.
Au centre d’un petit cirque, se joue le drame sans parole d’un être en pleine mutation. Sous combien de couches nous couvrons-nous pour paraître au monde ? Comment échapper à l’emprise des artifices pour laisser paraître ce que nous sommes ? Un être mystérieux va progressivement se dévoiler, se dépouiller des membranes successives qui le recouvrent, des formes vont s’élever dans les airs et s’animer comme on l’a rarement vu.
L’exploration des matières instables et éphémères est la spécialité de Phia Ménard. Elle nous invite à une danse aussi sublime qu’éphémère contre les vents. C’est beau, déroutant, à la fois sublime et glaçant… Une expérience aux frontières du rêve et du réel. Un spectacle qui atteint une rare intensité.
Meaulnes surgit dans la vie monotone du jeune écolier François Seurel. Fasciné par ce nouvel ami, il se jette avec lui sur les chemins de l’aventure en quête d’une « fête étrange », dont Meaulnes a été le témoin lors de sa fugue vers le « domaine mystérieux ». Dans cette très libre adaptation du roman culte d’Alain-Fournier, les blouses d’antan et les chapeaux de fête se sont changés en projections et mapping vidéo. À la manière d’une chasse au trésor, on embarque à la suite des personnages, et le roman commence lui aussi une vie nouvelle.
Car adapter Le Grand Meaulnes, c’est courir le risque de se confronter à ses errances, ses mystères, ses énigmes. Comment passe-t-on d’une page de roman à une scène de théâtre ? Entre respect du texte et improvisations, les acteurs nous entraînent dans une relecture sensible et ludique de ce roman d’aventures intérieures.
La Traviata est l’un des opéras les plus célèbres. La musique de Verdi, le livret de Francesco Maria Plave inspiré de La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, l’interprétation inoubliable de Maria Callas participent de sa légende. Le destin de cette courtisane dévoyée, son histoire d’amour avec le fils d’un grand bourgeois continuent de nous toucher. Cette longue fête qui se conclut dans la ruine et la mort nous fascine encore par la beauté de ses excès.
Dans le même espace, les musiciens mêlés aux chanteurs-acteurs explorent la fougue lyrique de Verdi autant qu’ils incarnent les personnages de La Dame aux camélias. De cet entrelacement des œuvres, naît un jeu entre le parlé et le chanté, entre le français et l’italien. L’occasion pour les acteurs de se mettre à chanter pour dire plus, pour dire autrement, pour dire autre chose.
Imaginez un plancher suspendu, en perpétuel mouvement : balançoire improbable, trapèze, tourniquet… Ce dispositif entraîne dans sa course folle six individus. Désorientés et ivres de vertige, ils redoublent de prouesses acrobatiques pour dompter ce sol qui ne cesse de se dérober. Tout proches d’eux, au plus près du risque, à glisser, à se laisser porter, ramasser, rouler… on rit et on tremble.
« Ce n’est pas parce qu’on ne parle pas sur scène que ce que l’on fait n’est pas parlant ! » Yoann Bourgeois
Tout débute dans un garage de la banlieue de Montréal. Tandis que Suzanne laisse tourner le moteur de sa voiture, commence un voyage dans ses souvenirs vers le Grand Nord québecois. Vanishing Point, c’est le point de fuite ou le point de rencontre de trois personnages en quête d’amour. Leurs histoires s’enchevêtrent sur fond de légendes amérindiennes et d’airs blues-rock-country des musiciens de Moriarty.
Avez-vous déjà parcouru, au cours d’un spectacle, des milliers de kilomètres, traversé des forêts, longé des lacs gelés, bravé une tempête au côté d’un inconnu ? Par un dispositif cinématographique inventif, Marc Lainé nous place au cœur d’un voyage immobile. Par la magie des mots, des images et des sons, il nous embarque là où le réel et le mythe se croisent, où la vie et la mort se frôlent.