Un rideau de pluie, fait de fines cordelettes, encercle les dix danseurs. Au sol, on devine le tracé de parcours géométriques. La pièce se développe en variations, en canons, en miroirs. Elle part d’une simple marche, puis le mouvement trouve mille façons de ricocher d’un corps à l’autre. Poussés par les vagues rythmiques de la musique, les danseurs s’abandonnent à une irrépressible énergie collective…
Rain est tendu sur la partition de Steve Reich. Music For 18 Musicians est l’une des œuvres musicales les plus séduisantes du xxe siècle : claire, ample et vertigineuse. Sous nos yeux, la musique donne naissance à une danse jubilatoire, pulsionnelle. Un choc esthétique et émotionnel ! Après Rain, le déluge…
Maëlle Poésy s’inspire d’un roman du Prix Nobel de littérature José Saramago pour nous emmener dans une étonnante fiction politique. Entre conte fantastique et comédie noire.
Étoile montante du théâtre français, programmée au 70e Festival d’Avignon et à la Comédie française à l’automne, Maëlle Poésy interroge ici la démocratie et le pouvoir. À travers une situation fantastique qu’elle pousse à son paroxysme, elle convoque un réalisme magique mêlant théâtre, danse, musique et vidéo. Pour nous mettre face à la fragilité d’un système qu’on croyait immuable.
On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Les acrobates de la compagnie Casus viennent nous prouver le contraire. Ils marchent sur des œufs, caracolent au trapèze comme en apesanteur, s’escaladent pour former des totems humains… Multipliant défis et prouesses, ces quatre artistes font de leur corps un spectaculaire moyen d’expression.
Avec eux, c’est un minimum d’artifices pour un maximum d’effets ! Ces quatre mousquetaires renversent les codes du cirque traditionnel pour l’emmener vers l’épure et la poésie. Dans un spectacle riche en trouvailles, ils nous bluffent avec des numéros que l’on croit connaître et qu’ils réinventent pour le plaisir des petits et des grands. Avec eux, on retient notre souffle. On frissonne. On est dans le cirque jusqu’au cou !
Trois femmes et trois hommes quadragénaires, appartenant à la classe dominante, racontent leur histoire. Premiers de la classe, anciens élèves de grandes écoles, cadres dirigeants, conseillers ou experts, ils ont mené le monde, l’ont façonné. Ils ont sincèrement cru que le bonheur des peuples et son avenir passaient par les réformes structurelles, les ajustements budgétaires, la flexibilisation du marché du travail, la dérégulation du secteur financier. Ils ont aimé avec passion la modernité, la mondialisation et le marché. Puis un jour, ils ont cessé d’y croire.
Ces libéraux repentants viennent dire l’effondrement de leurs rêves. À coup de Power Point, sitcom et Talk show, ils exposent leur crise de foi. Évidemment, c’est une comédie…
Dans l’Afrique du Sud post-apartheid, nous voilà sur les pas de David Lurie, professeur blanc, cinquantenaire, afrikaner. Un homme en perdition dans un pays qui a changé, qu’il ne comprend plus et dans lequel il va brûler. Les cendres de ce monde sont celles de la domination d’une aristocratie blanche. Comment vivre quand les blessures du passé pèsent si lourd sur l’histoire collective et individuelle ? Huit comédiens restituent dans un chassé-croisé tendu la chute d’un homme qui rate son époque, faute d’avoir regardé son réel dans les yeux.
Sont-ils des rescapés de la fin du monde ? Ou des êtres d’avant l’humanité ? Dix danseurs en bande, en meute, circulent, hésitent, piétinent, se cognent, mimant l’impossibilité d’être ensemble et l’incapacité à rester seul. Inspirés de l’humanité fragile de Samuel Beckett, ces clowns grotesques touchent au plus juste l’absurdité de nos existences.
Joyau du répertoire de Maguy Marin, May B a fait le tour du monde depuis sa création en 1981. Chaque fois désarçonnant le public, à la fois saisi par le rire et impressionné par la force de cette danse-théâtre révolutionnaire. Entre chorégraphie viscérale, mise en scène théâtrale et époustouflant travail plastique, le spectacle brille toujours par son audace. Un grand moment à partager !
Un plateau nu, un cahier redécouvert dans un grenier par un adulte sans âge, et l’aventure commence… Dans le château de son père, Ellj s’ennuie pendant ses trop grandes vacances. Un jour, l’enfant entend la voix d’une petite sœur inconnue cachée dans l’encrier, qui lui demande de la délivrer. Il largue alors les amarres ou plutôt jette l’encre de l’aventure. Sur son cahier d’écolier, il retranscrit les aventures fabuleuses de ce grand voyage. La scène devient radeau, île déserte, banquise…
L’aventure pour Joël Jouanneau passe aussi par la langue, sa richesse et ses embûches, la liberté prise avec la conjugaison et l’orthographe. Par l’étrangeté de cette langue inventée, on retrouve la parole du marin conteur chère à l’auteur. Il nous invite à rêver les yeux ouverts, à la conquête de ce temps d’enfance, cet éternel présent.
A l’instant fragile du coucher, une petite fille peine à s’endormir. Elle tourne, tournicote, tourneboule dans son lit. Le sommeil n’arrive pas… Pour l’accompagner dans ce périple nocturne, sa maman lui raconte alors le secret de la naissance des étoiles. Il y a très longtemps deux lunes brillaient dans le ciel sans qu’aucune petite lumière ne leur tienne compagnie…
Du décor familier de la chambre, on bascule dans l’univers magique de ce conte poétique et merveilleux dit à la manière des griots. L’espace se construit au fil des mots, comme une œuvre plastique évolutive et féérique. Ce voyage sensoriel au cœur du mystère de la nuit invite les tout-petits à comprendre que s’endormir fait partie de la danse joyeuse de la vie.