Amphitryon

Pour la séduire, il prend les traits de son époux, Amphitryon, pendant que ce dernier est parti au combat. Le fidèle Mercure, lui, contrefait Sosie, le valet de la maison. Le subterfuge est divin, jusqu’au moment où le vrai Sosie revient…et tombe nez à nez avec cet « autre moi ».

Quand les modèles font face à leurs imposteurs ou quand leurs femmes préfèrent à l’original sa copie, on peut faire confiance à Molière pour multiplier quiproquos, doubles sens et faux- semblants. Dans cette longue nuit des sosies, il nous prête à rire de ces dieux manipulateurs et voyous, de ces hommes dupés et incapables de distinguer le vrai du faux. Une comédie subversive et cruelle sur la manipulation et la perte de toute certitude.

 

My Dinner With André

Cette pièce-culte du tg STAN met à table deux monstres sacrés de la scène flamande. Un vrai dîner pour une fausse rencontre, où les acteurs n’hésitent pas à mettre les pieds dans le plat. Sans cesse au bord de l’improvisation, ils vont et viennent entre réalité et fiction, entre l’art et la vie. Dans un jeu à couteaux tirés, ils prennent savoureusement les spectateurs à partie.

Inspiré du film de Louis Malle, My Dinner With André est un des classiques du collectif flamand tg STAN qui, depuis plus de vingt ans, taquine la notion de faux-vrai. Leur cabotinage virtuose nous renvoie à des questions de fond sur la vie, sur l’art, le tout en rotant gaiement.

Dansékinou

Peut-on avoir plusieurs papas ? Non, répond la petite sœur de Camilla. Pourtant dans sa famille, qui n’est ni tout à fait exceptionnelle, ni tout à fait banale, Camilla a vu partir son premier papa, avant que n’arrive le second avec qui la famille s’est agrandie, tandis qu’un peu plus loin, vit un troisième papa, son papa biologique.

Même si son histoire bouscule un peu les habitudes, ce qui compte vraiment pour Camilla, c’est quand son papa la tient dans ses bras pour danser avec toute la famille. Comme elle en a trois, elle rêve à une grande danse des papas. Liens du sang, liens du souvenir, liens d’amour, liens rêvés, une chanteuse soprano interroge poétiquement les relations qu’on tisse avec nos proches. Mêlant voix, dessin et vidéo, ce puzzle musical s’adresse aux plus petits à l’endroit où résonne l’émotion.

Paolo Fresu Devil Quartet

Paolo Fresu est au sommet de son art. En trente ans de carrière faite de rencontres supersoniques (Kenny Wheeler, John Zorn, Dave Holland, Nguyen Lê, Aldo Romano, Dhafer Youssef, pour ne citer qu’eux) et d’enregistrements unanimement salués, le musicien a tracé un chemin lumineux, comme sa Sardaigne natale.

Elégant, lyrique, bouleversant, autant d’épithètes qui caractérisent le jeu du musicien plébiscité en Europe et au-delà. C’est avec le Devil Quartet créé en 2004, et l’étonnant guitariste Bebo Ferra, qu’il présente Desertico, son dernier opus, qui collectionne récompenses et critiques élogieuses. Partagez cette beauté diabolique en concert !

Un fou noir au pays des blancs

Avant d’être sur toutes les scènes du monde, Pie Tshibanda était psychologue et écrivain au Congo-Zaïre. Menacé de mort, il doit tout quitter en 1995. A son arrivée en Belgique, on le tutoie, on le fouille, on met en doute ses diplômes… Il comprend alors qu’il n’est plus l’intellectuel estimé, mais un étranger qui va devoir trouver sa place, faire ses preuves.

Les tribulations d’un Zaïrois seul en territoire inconnu : voilà ce que raconte Pie Tshibanda, et ce n’est pas triste ! Bien au contraire, avec une ironie mordante, un optimisme à toute épreuve et une bonne humeur contagieuse, il raconte son parcours semé d’embûches. Sous son arbre à palabres, mélange de manguier congolais et de chêne belge, il nous transporte sur le juste fil de l’émotion et de l’humour.

Même les chevaliers tombent dans l’oubli

En réalité, Mamadou ne veut qu’une chose : se fondre dans la masse, faire comprendre à ses camarades qu’il est d’ici comme eux. George, elle, s’est choisie une peau noire, couleur de l’ailleurs dont elle rêve depuis toute petite. Que se passe-t-il lorsqu’on se sent étranger à son corps, à sa famille, à sa culture ?

Le conte théâtral de Gustave Akakpo devient le lieu de tous les possibles pour ces enfants en quête d’eux-mêmes. Une rêverie inscrite dans leur univers quotidien, celui de l’école, de la maison. Là, où le poétique prend parfois l’accent de la banlieue. Tissant un habile dialogue entre le théâtre et la vidéo, Matthieu Roy se saisit de la peau, ce que nous avons de plus extérieur, pour toucher au plus intime.

Dominique A

Figure de proue d’une chanson française délicate et exigeante, Dominique A écrit, compose et chante depuis plus de vingt ans. Sa voix fiévreuse et frémissante, ses textes d’auteur sur l’ailleurs et les vies complexes, ses musiques captivantes mêlant les styles et les références ont imposé une empreinte, couronnée aux Victoires de la musique 2013.

La scène actuelle reconnaît l’influence de cet original, que l’on n’en finit pas de découvrir à chacun de ses disques. Avec son dixième album Eléor, Dominique A chante les petites histoires et les grands espaces comme un conteur revenu de mille voyages. Il s’impose à nouveau comme une révélation permanente.

Tailleur pour dames

Le docteur Moulineaux a découché ! Au petit matin, sa jeune épouse attend de lui quelques explications. Le voici embarqué dans un long tissu de mensonges qu’il va coudre et découdre pour sa femme, sa belle-mère, le mari de sa maîtresse, l’amante de celui-ci…
Dans cette pièce de jeunesse, son premier succès, Feydeau règle la mécanique diabolique de son écriture au service de situations absurdes et irrésistiblement drôles. Du pur divertissement dont s’emparent Cédric Gourmelon et sa troupe de neuf acteurs dans un hommage à Louis de Funès, au design excessif et coloré du début des années 70. Une course menée à bout de souffle, tableau de nos gesticulations désespérées pour paraître ce que l’on n’est pas.

Sœurs

Au volant de sa Ford Taurus, Geneviève pleure. À 25 km/h sur la route d’Ottawa, elle voit défiler sa vie. Elle, l’avocate brillante qui a voué sa carrière à la résolution de grands conflits, est incapable d’exprimer ses propres désirs. La goutte qui va faire déborder son vase émotionnel l’attend patiemment dans la chambre 2121 du Palace Hôtel d’Ottawa, sous les traits d’une autre femme, employée d’une compagnie d’assurances.
Après le succès de la trilogie Littoral, Incendies, Forêts, il nous promène dans les territoires de la féminité, de la fidélité à la tribu. Grâce à une ingénieuse utilisation de la vidéo, la comédienne Annick Bergeron endosse avec tendresse et humour les multiples identités de ce solo polyphonique.

 

Questcequetudeviens?

Elle paraît dans une robe rouge carmin qui fait d’elle une andalouse jusqu’au bout des talons. Mais le costume devient vite un masque, un accessoire. Pas de castagnettes ni froufrous pour Stéphanie Fuster, qui malmène avec humour les clichés sur le flamenco. L’important, c’est son parcours à elle vers cette danse, sa manière d’en apprivoiser les codes, de trouver sa place.

Bâtisseur d’espace et créateur d’images fortes, Aurélien Bory met en scène son parcours flamboyant, ses choix, ses forces, ses doutes. Une chorégraphie vibrante qui taille un costume sur mesure à cette danseuse hors norme.